La commission sur le passé colonial belge en Afrique a besoin de temps selon les historiens

Dans une tribune parue ce lundi 17 août dans le journal belge De Standaard et à paraître dans Le Soir, une soixantaine d'historiens s'interrogent sur la « Commission Congo ». Ils questionnent la clarté de la mission de cette commission ainsi que la faisabilité de son travail dans le temps imparti.

L'arrivé d'une locomotive à Léopoldville en mars 1898 pendant lorsque le Congo était alors propriété du roi Léopold II (image d'illustration). Domaine public
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Annoncée par le Parlement fédéral belge, la commission sert à « faire la paix avec le passé colonial » du pays. Cette commission spéciale est censée analyser et étudier le passé colonial belge en République démocratique du Congo, mais aussi au Rwanda et au Burundi pour en tirer les leçons, ainsi qu’analyser si certaines réparations et excuses sont nécessaires.

Le premier rapport est attendu pour le mois d’octobre 2020, c’est-à-dire d'ici deux mois et demi. La commission d'enquête concernant Patrice Lumumba a pris un an et demi aussi les scientifiques de cette tribune dont Pierre Lierneux, du Musée royal de l'armée à Bruxelles, craignent que la tâche soit impossible en un temps si court et avec un travail qui demande à être précisé.

« La Commission d’enquête parlementaire doit, si elle désire, faire appel aux historiens, définir préalablement des questions précises pour que les historiens, de manière collégiale, puissent y répondre de manière précise. Or, aujourd’hui, les questions ne sont pas posées de manière précise et les historiens qui se trouvent mêlés à l’ensemble du groupe d’experts n’ont pas la liberté, le temps, la distance, pour pouvoir se concerter et établir un travail, un rapport qui soit complet sur ces questions », pointe le scientifique belge Pierre Lierneux joint par Charlotte Cosset du service Afrique de RFI. 

« La question ne porte pas sur le fait qu’il y ait une décision politique au final insiste-t-il. La question pour nous, à titre professionnel, porte sur la manière dont on travaille. Et la manière dont on travaille suppose inévitablement la scission entre les deux missions : la mission d’enquête historique et le débat qui suivra. Nous souhaitons simplement arriver à donner de la manière la plus impartiale possible la réponse à la question qui sera posée ».

Il ne s'agit pas d'une guerre de chapelles, assure Pierre Lierneux, alors que dans un premier temps, une polémique avait eu lieu sur la composition de cette commission. Le comité a d’ailleurs intégré des membres de la diaspora africaine, même si certains historiens auraient aimé aller plus loin en intégrant des historiens congolais, burundais et rwandais au comité.

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