Le gouvernement face à la bombe sociale du logement
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C'est la prochaine bataille politique en France. La crise du logement : pas assez d'habitations disponibles, trop peu de constructions, des taux d'intérêts en hausse, et des Français qui ont de plus en plus de mal à acheter ou à louer. Tous les partis, de l'extrême-droite à l'extrême gauche, se sont saisis du sujet. Le camp d'Emmanuel Macron doit dévoiler lundi ses propositions. Terrain sensible et potentiellement explosif.
« On entre dans une perfect storm », une énorme tempête, prévient Marc Ferracci. Ce député de la majorité demande d'ailleurs à ses collègues macronistes d'attacher leur ceinture. Le logement, c'est le premier poste de dépense des Français, tout le monde est concerné. À tel point que le gouvernement avance très, très prudemment. Des annonces étaient prévues le 9 mai dernier dans le cadre d'un conseil national de la refondation. Mais le CNR logement a finalement été reporté à lundi prochain. 20 mesures seront présentées, « consensuelles et faisables dans un horizon proche », assure le gouvernement. Et c'est la Première ministre Elisabeth Borne elle-même qui dévoilera le plan de l'exécutif.
Prudence à l'Élysée
Officiellement, ce CNR a été reporté pour des raisons d'agenda. Mais c'est bien l'Élysée qui a appuyé sur le frein. Les mesures n'étaient pas assez ambitieuses pour Emmanuel Macron. Le très discret ministre du Logement, Olivier Klein, a dû revoir sa copie. Car la présentation de ce plan sera un « moment important » a dit le chef de l'État la semaine dernière dans le huis-clos du conseil des ministres. De quoi mettre la pression sur ses équipes.
Reconquérir les classes moyennes
Après le passage en force sur les retraites, Emmanuel Macron mise beaucoup sur ce dossier pour renouer avec les Français. Le 10 mai dans le magazine Challenges, il promettait ainsi un « double choc » : construire plus de logements et simplifier les délais. C'est bien, mais presque trop tard pour le secteur. L'exécutif n'a pas réagi assez vite pour les acteurs du logement qui réclament des mesures d'urgence et mettent en garde contre une « bombe économique, sociale et sociétale ». Un « poison lent et sûr », selon la patronne de la société immobilière Nexity. Un ministre parle même d'un risque de « gilet-jaunisation ». « Il faudrait une vision d'ensemble car on a besoin de renverser la table », alerte le député marcheur Marc Ferracci.
Les oppositions mobilisées
Les oppositions ont, elles aussi, bien saisi l'enjeu du logement. Et elles se sont déjà emparées du sujet. À gauche, la Nupes réfléchit à présenter un projet en commun et à préparer une réunion sur le sujet à l'Assemblée début juillet. À droite, les députés Les Républicains ont organisé cette semaine une convention thématique. Au Rassemblement national, on prépare aussi des « propositions offensives » selon les mots d'un député RN influent qui résume : « c'est le dossier du moment ». Et les oppositions sont bien déterminées à ne pas laisser pas le champ libre au gouvernement sur un sujet qui pèse lourd dans la vie des Français.